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Plateforme couvrant l'ensemble du flux de recyclage
Les restrictions à l’exportation feraient obstacle à une Europe circulaire
Emmanuel Katrakis, Secrétaire général EuRIC

Les restrictions à l’exportation feraient obstacle à une Europe circulaire

Le Green Deal vise à déclencher un tsunami avec deux objectifs clairs en tête : lutter contre le changement climatique et instaurer une économie circulaire. Les ambitions ne sont pas moindres : entre 1990 et 2030, les gaz à effet de serre doivent avoir diminué de 55 %. Le recyclage y jouera un rôle clé. Plus nous utilisons de matériaux recyclés, moins de CO2 est émis lors de la production de matériaux vierges. Aidons-les donc à aller de l’avant et ne les limitons pas avec des restrictions à l’exportation.

Grosso modo, l’industrie du recyclage a aujourd’hui trois priorités majeures. Premièrement, elle veut générer une plus grande demande de matériaux recyclés. Les statistiques d’Eurostat montrent qu’aujourd’hui l’Europe n’est circulaire qu’à 12%. Nous avons donc encore un long chemin à parcourir pour accroître le taux d’acceptation des matériaux recyclés. Imposer des objectifs contraignants autour du contenu recyclé est clairement la voie à suivre dans cette démarche. Les objectifs de recyclage déjà proposés pour le PET ont beaucoup fait bouger les choses. La demande de PET recyclé pour des applications de qualité alimentaire a énormément augmenté. A tel point que la dépendance au prix du pétrole a disparu. Alors que presque tous les plastiques ont fortement souffert de l’impact de la pandémie du coronavirus et de la chute des prix du pétrole, le PET a relativement bien résisté. Dès lors, même des objectifs modérés orientent déjà le marché dans la bonne direction. Il est maintenant temps d’étendre les objectifs de contenu recyclé à des flux autres que les plastiques afin de renforcer les chaînes de valeur circulaires.

Deuxièmement, l’industrie du recyclage a besoin d’un marché interne qui fonctionne mieux. Les déchets sont une matière complexe qui fait également l’objet d’une interprétation propre dans les différents États membres. En d’autres termes, il existe trop de règles différentes qui, d’une part, faussent les règles du jeu pour les entreprises de recyclage mais, d’autre part, compliquent la conduite des affaires. Car les déchets doivent non seulement faire face à la concurrence entre les régions et les pays, mais sont également évalués par rapport aux matières vierges. Cependant, il peut tout aussi bien s’agir d’une matière première. Le matériau recyclé qui répond à toutes les exigences de qualité des matières vierges ne devrait-il pas s’affranchir de son statut de « déchet » et de l’enchevêtrement de règles qui l’accompagne ? Ce matériau recyclé ne devrait-il pas être mis sur le même pied que les matériaux vierges ?

Troisièmement, les matières premières récupérées par le recyclage doivent donc avoir un accès plus facile aux marchés internationaux. Aujourd’hui, il n’y a pas de restrictions à l’exportation en dehors de l’Europe, à l’exception de la Chine. Mais de plus en plus de voix s’élèvent en leur faveur. Cela serait préjudiciable à l’industrie du recyclage et à l’économie circulaire. Nous sommes, bien sûr, favorables à toutes les restrictions strictes qui s’appliquent aux déchets qui ne peuvent pas être valorisés. Songeons par exemple aux plastiques mixtes, qu’il faut d’abord traiter ici et pas seulement exporter. Mais il doit y avoir une différence essentielle entre ces déchets et les matériaux recyclés qui répondent à toutes les normes de qualité. Aujourd’hui, ces procédures prennent trop de temps et entraînent trop de démarches administratives. Au lieu de restrictions à l’exportation, cela devrait justement être plus facile. Il doit y avoir une sorte de « voie rapide » pour les installations qui fonctionnent dans les règles de l’art.

Aucun pays ne peut développer les bonnes installations pour chaque flux de déchets à l’intérieur de ses propres frontières. L’Europe ne pourra donc jamais réaliser son ambition de devenir circulaire si elle veut fermer ses frontières aux matériaux recyclés. Le monde est devenu trop global pour cela. Si nous voulons atteindre encore plus d’indépendance dans la politique européenne des matières premières, alors nous devons aider notre industrie du recyclage, et non pas l’entraver. Dès lors, nous devons faciliter le commerce des matières premières dérivées de déchets. Sinon, l’ensemble du circuit circulaire menace de s’effondrer comme un château de cartes.   

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