Adaptation nécessaire des directives sur les transferts de déchets
La nouvelle directive européenne sur les transferts de déchets vise à empêcher l’Europe de déverser ses déchets dans d’autres pays. Ce faisant, elle poursuit deux objectifs. Empêcher nos déchets de nuire à l’environnement et à la société là-bas, et veiller à ce qu’aucune opportunité économique ne soit perdue ici. Mais selon l’EuRIC, l’Europe dépasse en partie cet objectif avec les réglementations actuelles. « Si les exportations de déchets sont davantage entravées, des matériaux précieux qui seraient autrement recyclés finiront désormais dans des décharges ou des incinérateurs. » C’est ce qu’affirme Emmanuel Katrakis, secrétaire général de l’EuRIC, la fédération européenne des industries de recyclage.
L’EuRIC avertit les décideurs européens que les propositions actuelles visant à modifier les directives sur les transferts de déchets comportent d’énormes risques de perte d’emplois et de perte d’investissements dans l’économie circulaire européenne naissante. Aujourd’hui, les entreprises européennes de recyclage réalisent déjà un chiffre d’affaires de 95 milliards d’euros dans cette industrie encore fragile. Mais 80 % des entreprises de recyclage actives dans le domaine du métal et du papier s’attendent à une énorme baisse de leur chiffre d’affaires si la réglementation est introduite sous sa forme actuelle. On compte à l’heure actuelle plus de 300 000 emplois verts dans ce secteur. Cependant, la moitié des recycleurs de métaux et de papier pensent que les licenciements seront alors inévitables. « Les décideurs politiques ont un choix à faire. Sont-ils du côté de notre industrie, pionnière d’une économie circulaire européenne ? Ou veulent-ils promouvoir l’échange de matériaux plutôt que le recyclage ? Les règles relatives aux transferts de déchets doivent changer de cap pour permettre un commerce libre, équitable et durable des matériaux recyclables », avertit M. Katrakis.
Ceci étant, l’industrie ne s’oppose pas aux restrictions sur l’exportation des « flux de déchets problématiques » en dehors des frontières de l’Europe. Pensez aux plastiques mélangés, aux pneus de voiture, aux batteries ou aux véhicules non transformés. Mais la proposition actuelle ne fait pas suffisamment la distinction entre les déchets, d’une part, et les matières premières récupérées lors des processus de recyclage, d’autre part. L’industrie demande que les critères existants en matière de fin de vie des déchets soient appliqués ou, s’ils n’existent pas encore, qu’ils soient créés afin de mettre sur un pied d’égalité les matériaux vierges et les recyclats à haute valeur ajoutée. « Si nous ne le faisons pas, l’accent sera à nouveau mis sur l’extraction des matières premières, qui est tout simplement une source de pollution majeure par rapport au recyclage. Cela entravera également les ambitions de l’Europe d’atteindre ses objectifs de recyclage et de réduction des émissions. Mais en même temps, cela réduit les investissements dans l’économie circulaire de l’Europe », regrette Emmanuel Katrakis.
En outre, l’EuRIC demande l’introduction de plus d’objectifs pour l’utilisation de contenu recyclé ainsi que des restrictions sur les exportations. « Si le Parlement européen veut s’assurer que les déchets sont traités ici, il devrait également fixer des objectifs contraignants pour l’utilisation de matériaux recyclés dans les produits intermédiaires tels que le métal, le papier et le plastique », affirme Emmanuel Katrakis. « Sinon, les matières premières vierges polluantes risquent d’avoir un avantage sur le recyclage, faute de conditions de marché adéquates. » Aujourd’hui, seuls 12 % des matériaux utilisés dans la production en Europe proviennent du recyclage. Les barrières à l’exportation proposées réduiraient ce pourcentage. En revanche, des objectifs obligatoires pour l’utilisation de matériaux recyclés pourraient stimuler la demande du marché en Europe tout en réduisant sa dépendance vis-à-vis des marchés internationaux. Cela ferait vraiment progresser l’économie circulaire européenne et éviterait d’énormes quantités d’émissions de CO2.